lundi 22 février 2010

la mode, le style


La mode m’a toujours intéressée. Depuis que je suis petite, j’adorais habiller mes poupées mannequin avec trois fois rien, à défaut d’avoir des tenues bien à elles : un vieux gilet blanc tricoté de bébé devenait un imposant manteau de fourrure, un mouchoir se transformait en une élégante robe bustier… et mes poupées étaient parées pour vivre des aventures mondaines !
Par la suite, j’ai essayé de suivre la mode, de loin, tant bien que mal. A 15 ans je portais à l’envers les gilets de ma mère pour imiter les pulls col V dans le dos de mes amies, à 20 ans je m’efforçais de me constituer un style en copiant discrètement celui de Valentine… C’était la période des tailleurs très épaulés, des 501 et des tops Agnès B.
Mais j’avais toujours l’impression d’avoir une année de retard, pas le bon vêtement au bon moment. La mode c’était comme la quête du Graal !
Les années passants, j’ai appris ce qui m’allait, ce que j’aimais, mon style s’est affirmé et c’est devenu moi dont on s’inspirait, qu’on copiait. J’étais très surprise au début, puis j’en ai tiré une certaine fierté, et même un sentiment de revanche. Le « vilain petit canard » qui bricolait des tenues, qui ne savait pas, qui observait et imitait, avait « dépassé » ses maîtres !
La mode ne m’est pas pour autant devenu un plaisir ou une victoire… c’était une torture avec ses éternelles questions en début de saison : quel look fallait-il avoir ? Etait-ce le bon vêtement ? La bonne couleur ?... J’étais connue par mes amies pour mes hésitations, pour acheter et rendre la semaine d’après, pour regretter. Le moindre achat était scrupuleusement soupesé, j’avais toujours du mal à me décider et mes virées shopping se transformaient en séances d’introspection et de torture mentale !

Alors quand j’ai commencé à m’intéresser de façon compulsive à la mode, en analysant toutes les photos de défilés, en m’informant sur les blogs, en épluchant la presse française et étrangère, en participant à des conférences, ma sœur m’a mise en garde : ma parfaite maîtrise des tendances allait m’enfermer dans des codes rigides qui allaient rendre l’exercice de la mode encore plus difficile et contraignant ! Et j’allais chercher à me conformer à la tendance et je n’allais plus être originale ou développer mon propre style.
Et pourtant c’est tout le contraire qui est arrivé !
La perception des tendances m’a donnée énormément confiance en moi : je savais ce qui se faisait, ce qui était à la mode et ce qui ne l’était pas. Je le savais même mieux que les vendeurs des magasins, puisque je connaissais leurs collections futures et celles des autres.
Mon orgie d’images à fait que j’ai vite été influencée par des silhouettes des saisons actuelles, passées et futures, de créateurs connus ou pas, français ou étrangers, des images vues sur des blogs, des magazines…  Cette fois ci je n’ai pas cherché à copier ces looks, ils ont été un déclencheur, une envie, et j’ai composé des tenues personnelles à partir de ces émotions ou ces impressions. D’ailleurs, la plupart du temps, on ne retrouve pas grand-chose de la silhouette de départ dans ma tenue… la couleur d'un vernis à ongle ? Des volumes ? Un genre ? Une palette de couleur ? Mais je n’y attache pas d’importance. L’essentiel ce sont les histoires que je me raconte, les références que j’ai, peu m’importe qu’on identifie ou non le style que j’ai voulu donner.

Je me suis mise aussi à puiser à nouveau dans des vieux vêtements et à constituer des tenues avec des éléments du passé, plus vraiment au goût du jour, un peu comme quand j’étais enfant en fait. J’aime bien cette idée de me retrouver…
J’ai compris aussi que la mode c’était une multitude de propositions, même si des tendances se dégagent toujours ! Et aujourd’hui je m’intéresse autant aux grandes tendances qu’aux jeunes créateurs moins influents dans la mesure où je suis sensible à leur esthétique, à leur vision de la mode.
Le fait de m’être rapprochée de la mode m’a finalement donné une grande liberté par rapport à ma façon de m’habiller. Aujourd’hui je ne cherche plus mon style. Je sais qu’il n’est pas unique, qu’il sera influencé par mes humeurs, par mes émotions, par mes rencontres. Je sais qu’il sera alimenté par mon histoire, par mon vécu, par mon univers esthétique. Et même si au final je reste assez conventionnelle et pas si décalée dans ma façon de m’habiller, j’aime savoir que ma tenue est le reflet d'une histoire que je me suis racontée.
Je pense qu’au final, c’est ça qui fait le style unique d’une personne !

lundi 1 février 2010

tu seras une femme ma fille


J’ai bien aimé ce livre, il se lit vite, facilement. Il répond tout à fait aux critères "réclamés" par l'édititrice de Nathalie Rykiel : un livre dont « la femme qui rentre de son travail le soir, dans le RER » ne décroche pas.

Mais c’est un livre qui m’a à chaque fois laissé triste ou avec un vague à l’âme. Je me suis dit que j'aimerai être cette femme ou que j’aurai aimé qu’elle soit ma mère.
J'aimerai être cette femme accomplie personnellement et professionnellement, entourée de ses filles, de ses amies,  aimée de sa mère, de ses amants.  J’aimerai être cette femme qui trouve sa voie professionnellement, qui réussit à se démarquer de sa mère, qui  se crée des mondes à son image à l’intérieur de l’univers imposant de sa mère, et dont la place au sein de la Maison de Couture s’affirme progressivement mais magistralement !
Je suis impressionnée par ses réalisations et par ses audaces.
Et je suis envieuse aussi de l’aura de sa mère dont elle a bénéficié, de cette force et de cette confiance qui se lègue dans cette famille.
J’aurai aimé qu’elle soit ma mère, qu’elle me transmette sa féminité, sa séduction, ce lien mère-fille tissé avec sa propre mère, la bienveillance de ses amies et de ses proches, cet esprit clanique, protecteur…
J’ai été émue par les pages où elle parle de ses filles. On y ressent tout l’amour d’une mère, mais plus encore : de l’admiration… Il me semble que c’est rare qu’une mère utilise ce mot en parlant de ses enfants. Et du respect aussi, pour ce qu’elles sont, pour leurs différences…  Je trouve ça très fort, précieux.

J’ai été touchée également par les passages où elle évoque son frère et sa cécité. Elle a cette phrase très belle « Ma mère est brisée, mais se tient droite », ça donne une dimension romanesque au personnage de Sonia Rykiel. 
En résumé, un livre qui décrit beaucoup d’amour et de respect entre une mère et une fille, entre une mère et ses filles, mais dont on sent que l’envie narcissique de laisser une trace, de marquer de son empreinte dépasse le besoin vital d’écrire et de s’exprimer. On sent une composition du récit un peu forcée, comme si l’auteur s’appuyait sur une trame ou un questionnaire fourni par l’éditeur.