mercredi 4 janvier 2012

le joueur de Kora


Cet après midi, j’étais dans le métro quand un musicien est entré dans le wagon pour faire la manche. C’était un Sénégalais qui tenait un instrument bizarre que je n’avais jamais vu, une sorte de cithare d’où étaient tendues des cordes qui se terminaient en  fils de nylon frisottant.  Je l’ai vu d’un mauvais œil, en me disant qu’il allait encore nous en mettre plein les oreilles, puis je n’y ai plus pensé.

J’ai mis un moment avant de prêter attention à sa musique. Ça semblait être un chant traditionnel de son pays, lent et répétitif, qui s’élevait de sa voix chaude et mélodieuse. Je ne comprenais rien aux paroles, mais l’idée que la musique est universelle a pris tout son sens à ce moment.

Sa musique, tantôt triste, tantôt gaie, m’a fait voyager. Elle m’a parlé de son village, loin d’ici, de la dureté de la vie au quotidien, et de l’acceptation aussi.  Du plaisir de se retrouver le soir, à la lueur d’un feu de bois et de partager des moments d’amitié et de fraternité aux sons de la Kora.

Petit à petit j’ai senti la tension se relâcher, mes épaules se détendre et la fatigue de la journée s’apaiser. J’étais bien, enveloppée et bercée par cette musique douce et rassurante.

Dans le wagon peu à peu les gens se retournaient pour découvrir le musicien. On pouvait lire sur leur visage qu’ils étaient surpris eux aussi par la beauté et la chaleur de ce chant qui contrastait avec l’atmosphère froide et métallique du métro.

En descendant à ma station, je lui ai donné une pièce bien sûr, mais je lui ai surtout dit merci. Merci d’avoir fait arrêter un court instant le flot incessant de mes pensées et de m’avoir offert quelques minutes d’évasion, loin de mes préoccupations quotidiennes.