mercredi 29 août 2012

Les photographes de mode : Venetia Scott

Les photographes de mode me fascinent. J’aime découvrir comment ils impriment leur univers particulier dans les campagnes de publicité des marques ou dans les séries mode des magazines.

Aujourd’hui, j’ai envie de revenir sur le travail de la photographe Venetia Scott.Je me suis intéressée à elle tout bêtement en faisant des recherches sur Juergen Teller, un photographe de mode dont j’adore le style décomplexé. Venetia Scott était sa compagne et a eu une fille avec lui, ils ont beaucoup travaillé ensemble.

On peut voir son travail dans les pages de magazines pointus comme Self Service, Purple Magzine et les britanniques  i-D, AnOther magazine, Dazed & Confused et Vogue UK. Elle y signe des séries mode en tant que photographe et on la retrouve de temps en temps uniquement sur le stylisme, son premier métier, qu’elle a exercé pendant plus de 15 ans entre autres aux côtés de son compagnon Juergen Teller. C’est d’ailleurs après leur séparation, qu’elle se lance dans la photographie, frustrée de collaborer avec des photographes qui ne sont pas sur la même longueur d’onde qu'elle.

Elle signe également depuis quelques années les campagnes de publicité des marques françaises Paule Ka et APC (pas pour celle de cet hiver) et américaines,Margaret Howell, Orla Kiely et Club Monaco.
 
Margaret Howell 2010 et APC 2011
Ce qui m’a tout de suite plu dans les photos de Venetia Scott, c’est le style faussement amateur qui se dégage. On a l’impression d’un résultat inachevé, imparfait. Le cadrage n’est pas classique, des éléments hors champs ou des détails du quotidien restent visibles et rendent attachants ses clichés, comme si sa volonté de saisir une émotion, un instant éphémère primait sur la perfection de la composition.

Self Service

J’aime également le côté intimistes de ses photos qui dévoilent au naturel le sujet exposé. Chez elle, pas de séduction exacerbée ou de sophistication excessive, ses personnages sont authentiques, ils ne posent pas. On a l'impression qu'elle les surprend dans leur activité - ils regardent d'ailleurs souvent franchement l’objectif - que la photo capture l’âme et la personnalité du modèle, un peu comme l’esprit d’un snapshot.
Elle pose finalement un regard plein de douceur sur le banal et le quotidien. C’est d’ailleurs ce qui la différentie de Juergen Teller qui cultive plutôt le goût de l’irrévérence et du grotesque.

Enfin, ses images aux couleurs sobres, teintées d’influences rétro fifties et sixties, ont une note nostalgique qui me touche. On les croirait tout droit sorties d'un vieil album de famille...

Self Service et AnOther Magazine


Le style de Venetia Scott a largement été influencé par l’esthétique inspirée du grunge (mouvement musical qui émerge à Seattle au milieu des années 80 dont l’icône est Kurt Cobain du groupe Nirvana), qui apparait au début des années 90 alors que le glamour s’essouffle. Une allure vestimentaire de «pauvres» bricolée à partir de vêtements achetés dans des friperies, mais surtout une philosophie, un mode de vie, le grunge symbolise la rébellion, la révolte contre le système.
 
Cet esprit et l’esthétique brute du grunge a été introduit dans la photographie de mode par la photographe anglaise Corinne Day qui a mis en avant la jeune et alors inconnue Kate Moss à la une du magazine d’avant garde The Face puis, quelques années plus tard, du Vogue UK. Ses images hyper réalistes shootées en lumière naturelle et le physique androgyne de Kate Moss qui contrastait avec le corps de déesse des tops modèles de l’époque (Cindy Crawford, Claudia Schiffer…) a créé un nouveau genre de photographie de mode qui tournait le dos au glamour et à la beauté iconique des années 80.
 
The Face (1990) et Vogue UK (1993) - Kate Moss par Corinne Day

Inspiré par cet état d’esprit, le jeune styliste Marc Jacobs aux commandes de la création de la marque américaine Perry Ellis a fait sensation en 1992 en présentant une collection qualifiée de grunge. Présentation qui lui coûtera sa place, mais que la presse a encensé.

C’est dans ce courant que Venetia Scott a puisé son inspiration. Elle s'est nourrie de l’hyper réalisme des photos de Larry Clark qui s’intéressait à la dérive de jeunes américains de villes défavorisées, se composait des looks sur le marché aux puces de Portobello, adhérait à la philosophie du jeune créateur de mode Martin Margiela de désacraliser la mode et côtoyait les photographes de la nouvelle scène de la mode : Juergen Teller, David Sims, Nigel Shafran et Corinne Day. 

 
Bio Expresse :
 

samedi 4 août 2012

India Mahdavi à Arles

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Je rentre tout juste des Rencontres de la Photographies d'Arles.
Durant mon séjour dans la ville, je suis tombée, aux hasards des rues, sur l’hôtel du Cloître.
L’hôtel est situé dans le centre historique de la ville au détour d’une longue rue étroite, perché sur une petite placette, adossé au cloître Saint-Trophime.
J’ai tout de suite été attirée par la tranquillité du lieu, le charme de la bâtisse aux volets vert tilleul, la douceur de vivre qu’il s’y dégageait. On aurait dit que le temps s’était arrêté à cet endroit.
Aucune enseigne ne signalait l’établissement, la porte était ouverte, je m’y suis approchée pour tenter de voir l’intérieur de la maison.
J’ai découvert une grande pièce à la décoration moderne soignée qui m’a tout de suite plu. En parcourant attentivement chaque détail du mobilier, j’ai été surprise de reconnaitre des pièces de la décoratrice et créatrice India Mahdavi ! Tous ceux qui me connaissent savent qu’elle est mon icône absolue en matière de décoration : mon Pinterest contient pas mal de photos de l’hôtel Thoumieux à Paris qu’elle a redécoré, j’adore ses tabourets, ses coussins, ses canapés…. Régulièrement je vais en pèlerinage dans sa boutique de la rue Las Cases dans le 7ème , tout est trop cher, je n'ai jamais rien acheté, mais j'adore y passer pour regarder et rêver…. Bref, elle est une vraie source d’inspiration pour moi qui suis une passionnée de décoration et de design.

Amusée par mon enthousiasme, la personne à l’accueil m’a gentiment fait visiter l’hôtel qui est sa dernière réalisation. J’étais en lévitation !
On y retrouve les incontournables de la décoratrice : le bleu azur omniprésent réveillé par des touches de jaune moutarde, ses confortables fauteuils en rotin vernis, ses lampes en plâtre à l’abat jour élégamment incliné, l'imposante table Bishop en marbre brun, des coussins colorés aux motifs géométriques… tout y est.
L’hôtel est neuf, il venait juste d'ouvrir, l’occasion était trop belle : on a décidé de s’y installer pour la fin du séjour !
J’ai passé des journées délicieuses  à vivre dans ce décor, poser mon regard sur de belles choses, enregistrer mentalement le moindre détail de la décoration et profiter du cadre merveilleux de ce lieu plein de charme et de raffinement.

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Hôtel Le Cloître - 16-18 rue du Cloitre, 13200 Arles

Edit du 1er septembre 2014 : si il vous faut 5 bonnes raisons d'aller aux Rencontres de la Photographie d'Arles, c'est ici !