dimanche 25 novembre 2012

mes errances sur la toile

 
Quand je commence à me balader sur internet, en mal d’inspiration déco, je peux vite basculer en mode errance. Comment on reconnait cet état là ? C’est simple, très progressivement je m’éloigne du sujet que je recherchais, en fait je l’oublie complètement, j’ai plusieurs fenêtres internet ouvertes, chacune affichant au moins dix onglets et je suis prise d’une espèce de frénésie de découverte. A ce moment là, je scan, je copie, je colle, je pin (sur Pinterest), j’écris, je me lève, je mesure, j’observe, j’envisage… j’ai le cerveau en ébullition et tout est possible.

Quand je suis dans ce mode errance je peux facilement rester plusieurs heures sans me rendre compte du temps qui passe, absorbée par les images qui défilent devant mes yeux et qui s’inscrivent dans ma mémoire.
Bien sûr, cet état n’est pas réservé à la décoration, toute recherche sur des sujets qui me passionnent (mode, graphisme, typographie, photo, design, art….) peut se transformer en boulimie d’informations et d’images.

La seule chose que je crains à ce moment là, c’est que mon internet explorer crashe, épuisé par tant d’activité, en emportant avec lui mes découvertes, mes pépites et mes trésors ! C'est arrivé quelques fois...

Avec tout ça vous allez vous imaginer que la décoration de mon appartement est perpétuellement en mouvement ! Pas plus que ça, je suis surtout une rêveuse…

mercredi 21 novembre 2012

campagne de pub Marc Jacobs SS13 : à la croisée des miroirs

Marc Jacobs Juergen Teller Ruby Jean Wilson

J’attends toujours avec impatiente les images des campagnes de publicité Marc Jacobs shootées par le photographe allemand Juergen Teller (l’ancien compagnon de Venetia Scott, vous vous souvenez ?). Elles sont surprenantes, je dirai même déroutantes. Marc Jacobs et Juergen Teller ne manquent pas d’humour et d’autodérision et ce sont toujours des mises en scène décalées qui flirtent avec la provocation et le mauvais goût. Googlelisez les personnages, vous ne serez pas déçus !

La campagne de pub printemps été 2013 s’inscrit pourtant dans un autre registre. Il semblerait que l’intention soit de nous perturber, voire nous hypnotiser.
Dans le seul visuel diffusé pour l’instant sur internet, on voit le mannequin australien Ruby Jean Wilson poser dans une robe à larges rayures noires et blanches, omniprésentes sur le défilé printemps-été 2013, entourée de miroirs.

Le visuel est très graphique, tout est noir et blanc : le modèle a un teint très pale et des yeux soulignés de noir, ses cheveux sont décolorés en blond platine. Elle ne porte aucun accessoire, seul, dépasse au premier plan, une pochette aux motifs identiques à sa tenue. Par contre, elle arbore un petit tatouage au pied, un des rares détails qui nous permet de ne pas nous perdre dans cette multiplicité d’images.

Ruby Jean Wilson pose de façon assez classique, avec un bras levé, négligemment appuyé sur sa tête. Contrairement aux compositions de ce genre, son regard n’est pas tourné vers les miroirs, elle ne se regarde pas. Son visage est dirigé vers le photographe qu’elle fixe intensément.
Derrière elle, les miroirs qui composent le sol et les murs multiplient, décalent, fragmentent sa silhouette rayée à la manière d’un caléidoscope.

Cette photo m’a intriguée parce que le miroir est un sujet récurrent dans la peinture classique et a été maintes fois repris dans la publicité de mode.
Il pose la question de la représentation et introduit l’idée du narcissisme. Il est souvent associé à la mort, à la fragilité de la vie et au temps qui passe.
Dans les images publicitaires il permet de multiplier les angles de vues et de montrer une autre facette du personnage. Et puis le miroir fascine et incite à plonger dans l’image pour y découvrir des éléments hors champs. Il donne plus de corps à l’histoire qui est racontée en nous révélant l’envers du décor.

En fait cette photo est assez éloignée des images habituelles de Juergen Teller qui signe d’ordinaire des clichés au rendu spontané, faussement amateur, surexposés ou mal cadrés.
Cette image est très précise, la photo est prise de haut, en plongée, de telle sorte qu’en son centre se trouve la croisée des murs et du sol.
Ca donne une composition arachnéenne, hypnotique, qui capte et attire le regard vers un infini. J'aime beaucoup, et vous ?

lundi 5 novembre 2012

Dans l'antre de Piero Fornasetti à Milan

Chaque année, pour le week-end de la Toussaint, c’est une tradition avec mes amis : on s’évade pour une capitale européenne, avec une préférence pour les villes du sud pour retrouver un peu de soleil. Après Londres, Rome et  Lisbonne, cette année, on a choisi Milan.

En préparant mon voyage, j’avais mis en tête de liste des lieux à voir le 10 Corso Como, le fameux concept store milanais (l’équivalent de notre Colette nationale) et la boutique d’un designer italien que j’adore, Fornasetti

Je ne vous parlerai pas du 10 Corso Como. Même si j’ai trouvé le lieu rempli de charme (il est caché au fond d’une cour verdoyante éclairée le soir par mille petites lumières), la sélection du magasin, mêlant marques de mode (pointues et hors de prix) et objets de design, est sans surprise.
Non, le point d'orgue de mon séjour était la visite de l’antre du créateur milanais Piero Fornasetti.
 
Piero Fornasetti

Je suis une inconditionnelle du style Fornasetti. J’aime ses décors graphiques en noir et blanc où se décline à l’infini le visage énigmatique de sa muse. J’aime ses clins d’œil au surréalisme, son univers baroque chargé de dorures, de trompes l’œil, de références  à l’antiquité ou à la Renaissance. Et j’aime sa liberté et son sens de l’humour qui rendent sa décoration singulière et joyeuse.

Piero Fornasetti

Mais c’est une chose de craquer devant un vase ou une bougie et s’en est une autre de se retrouver plongé dans la folie et l’exubérance du designer ! Je préfère vous prévenir, si vous êtes adeptes du minimalisme, passez votre chemin. En poussant la porte de la boutique, on est projeté dans son univers étrange, on vit une expérience !
 
Piero Fornasetti

Le magasin est une écrin aux murs rouge écarlate, chargé à l’excès : on ne sait plus où donner de la tête. Seul le plafond, recouvert du poétique papier peint aux motifs de nuages, calme le jeu.
Partout, les pièces de mobilier et de décoration du créateur sont présentes, et avec plus de 11.000 dessins dans les archives, il y a de quoi faire… : des tables, chaises, buffets, secrétaires, de la porcelaine, de la verrerie, du carrelage, des coussins, des foulards, des miroirs, des lampes, des gravures, des papiers peints et toutes sortes d’objets décoratifs aux motifs envoutants… la liste est trop longue, je vous laisse découvrir son œuvre prolifique dans les photos.

Après la mort du maître (en 1988), son fils Barnaba a continué de faire vivre les dessins de son père en les réinterprétant sur des meubles ou objets aux formes contemporaines. C’est pour ça que tout parait à la fois authentique et actuel.

Piero Fornasetti
 
Piero Fornasetti
 
Quand on commence à s'intéresser à Fornasetti on veut tout posséder, son design est addictif ! Je suis sortie de la boutique avec plein de rêves en tête mais aussi plein de frustrations, parce que si le style peut parfois paraitre simple et accessible, tout est extrêmement cher.
Le vendeur m’a expliqué que les pièces sont produites par des artisans qui utilisent les mêmes techniques de production faite main qui étaient employées sur les tous premiers objets Fornasetti. Ce sont de vraies pièces de collection qui s'échangent d'ailleurs à prix fort sur eBay !

bougies Fornasetti
 
Si vous voulez prolonger la visite, vous pouvez aller admirer les créations de Fonasetti chez l’Eclaireur à Paris, c’est le revendeur exclusif de la marque.
 
Bio Expresse :
  • Artiste milanais aux talents éclectiques (1913-1988). Peintre, graphiste, sculpteur, graveur et décorateur d'intérieur, il est le créateur de plus de 11 000 décors et a travaillé sur tous les supports possibles : cravates,  verres, assiettes, lampes, meubles, paravents… C'est l’une des figures artistiques les plus prolifiques du XXe siècle.
  • Il étudie le dessin à l'Académie des beaux-arts de Brera à Milan mais est vite expulsé pour indiscipline.
  • En 1933, il expose à la 5e Triennale de Milan ses premières créations : des foulards imprimés. Et dès 1936 il est reconnu pour son talent de dessinateur et son goût pour les mises en scène d'architecture.
  • Son travail est remarqué par l'architecte designer Gio Ponti et ils collaboreront dans les années 50 à de nombreux projets de meubles et de décorations intérieures.
  • Son style se réfère souvent aux maîtres du trompe l’œil de la Renaissance (chaises aux dossiers en forme de chapiteau grec ou secrétaires au décor de villas palladiennes…) ou encore au surréalisme (décor ponctué de perspectives invraisemblables, de villes imaginaires…).
  • Parmi ses thèmes favoris : le soleil, les jeux de cartes, Arlequin et les décors de la Comedia dell’Arte, les instruments de musique. Son décor le plus célèbre reste ce visage de femme, la cantatrice Lina Cavalieri, qu'il avait découverte dans une revue française du XIXe siècle : il en dessine plus de 500 versions.
  • A sa mort, son fils Barnaba continue de produire des objets et renouveler les collections en puisant dans les archives du maître. Toutes les pièces sont produites dans l’atelier Fornasetti situé à Milan, par des artisans qui utilisent les mêmes techniques de production faite main qui étaient employées sur les tous premiers objets Fornasetti.