lundi 5 novembre 2012

Dans l'antre de Piero Fornasetti à Milan

Chaque année, pour le week-end de la Toussaint, c’est une tradition avec mes amis : on s’évade pour une capitale européenne, avec une préférence pour les villes du sud pour retrouver un peu de soleil. Après Londres, Rome et  Lisbonne, cette année, on a choisi Milan.

En préparant mon voyage, j’avais mis en tête de liste des lieux à voir le 10 Corso Como, le fameux concept store milanais (l’équivalent de notre Colette nationale) et la boutique d’un designer italien que j’adore, Fornasetti

Je ne vous parlerai pas du 10 Corso Como. Même si j’ai trouvé le lieu rempli de charme (il est caché au fond d’une cour verdoyante éclairée le soir par mille petites lumières), la sélection du magasin, mêlant marques de mode (pointues et hors de prix) et objets de design, est sans surprise.
Non, le point d'orgue de mon séjour était la visite de l’antre du créateur milanais Piero Fornasetti.
 
Piero Fornasetti

Je suis une inconditionnelle du style Fornasetti. J’aime ses décors graphiques en noir et blanc où se décline à l’infini le visage énigmatique de sa muse. J’aime ses clins d’œil au surréalisme, son univers baroque chargé de dorures, de trompes l’œil, de références  à l’antiquité ou à la Renaissance. Et j’aime sa liberté et son sens de l’humour qui rendent sa décoration singulière et joyeuse.

Piero Fornasetti

Mais c’est une chose de craquer devant un vase ou une bougie et s’en est une autre de se retrouver plongé dans la folie et l’exubérance du designer ! Je préfère vous prévenir, si vous êtes adeptes du minimalisme, passez votre chemin. En poussant la porte de la boutique, on est projeté dans son univers étrange, on vit une expérience !
 
Piero Fornasetti

Le magasin est une écrin aux murs rouge écarlate, chargé à l’excès : on ne sait plus où donner de la tête. Seul le plafond, recouvert du poétique papier peint aux motifs de nuages, calme le jeu.
Partout, les pièces de mobilier et de décoration du créateur sont présentes, et avec plus de 11.000 dessins dans les archives, il y a de quoi faire… : des tables, chaises, buffets, secrétaires, de la porcelaine, de la verrerie, du carrelage, des coussins, des foulards, des miroirs, des lampes, des gravures, des papiers peints et toutes sortes d’objets décoratifs aux motifs envoutants… la liste est trop longue, je vous laisse découvrir son œuvre prolifique dans les photos.

Après la mort du maître (en 1988), son fils Barnaba a continué de faire vivre les dessins de son père en les réinterprétant sur des meubles ou objets aux formes contemporaines. C’est pour ça que tout parait à la fois authentique et actuel.

Piero Fornasetti
 
Piero Fornasetti
 
Quand on commence à s'intéresser à Fornasetti on veut tout posséder, son design est addictif ! Je suis sortie de la boutique avec plein de rêves en tête mais aussi plein de frustrations, parce que si le style peut parfois paraitre simple et accessible, tout est extrêmement cher.
Le vendeur m’a expliqué que les pièces sont produites par des artisans qui utilisent les mêmes techniques de production faite main qui étaient employées sur les tous premiers objets Fornasetti. Ce sont de vraies pièces de collection qui s'échangent d'ailleurs à prix fort sur eBay !

bougies Fornasetti
 
Si vous voulez prolonger la visite, vous pouvez aller admirer les créations de Fonasetti chez l’Eclaireur à Paris, c’est le revendeur exclusif de la marque.
 
Bio Expresse :
  • Artiste milanais aux talents éclectiques (1913-1988). Peintre, graphiste, sculpteur, graveur et décorateur d'intérieur, il est le créateur de plus de 11 000 décors et a travaillé sur tous les supports possibles : cravates,  verres, assiettes, lampes, meubles, paravents… C'est l’une des figures artistiques les plus prolifiques du XXe siècle.
  • Il étudie le dessin à l'Académie des beaux-arts de Brera à Milan mais est vite expulsé pour indiscipline.
  • En 1933, il expose à la 5e Triennale de Milan ses premières créations : des foulards imprimés. Et dès 1936 il est reconnu pour son talent de dessinateur et son goût pour les mises en scène d'architecture.
  • Son travail est remarqué par l'architecte designer Gio Ponti et ils collaboreront dans les années 50 à de nombreux projets de meubles et de décorations intérieures.
  • Son style se réfère souvent aux maîtres du trompe l’œil de la Renaissance (chaises aux dossiers en forme de chapiteau grec ou secrétaires au décor de villas palladiennes…) ou encore au surréalisme (décor ponctué de perspectives invraisemblables, de villes imaginaires…).
  • Parmi ses thèmes favoris : le soleil, les jeux de cartes, Arlequin et les décors de la Comedia dell’Arte, les instruments de musique. Son décor le plus célèbre reste ce visage de femme, la cantatrice Lina Cavalieri, qu'il avait découverte dans une revue française du XIXe siècle : il en dessine plus de 500 versions.
  • A sa mort, son fils Barnaba continue de produire des objets et renouveler les collections en puisant dans les archives du maître. Toutes les pièces sont produites dans l’atelier Fornasetti situé à Milan, par des artisans qui utilisent les mêmes techniques de production faite main qui étaient employées sur les tous premiers objets Fornasetti. 

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