mercredi 30 avril 2014

L'enfer au paradis


Autres vacances autre expérience : après un séjour en solitaire en février dans un pays encore sauvage et préservé, je suis partie pour Pâques en famille dans une petite station balnéaire perdue entre un désert de pierres, une mer peuplée de poissons extraordinaires et des montagnes roses qui s’enflamment au couché du soleil.
Un décor enchanteur à l’état naturel dont l’industrie du tourisme s’est emparé pour y construire un bord de mer artificiel encombré de complexes hôteliers ultra modernes où se déverse en continu un flot de vacanciers assoiffés de fête, de chaleur et de plage.

Trop de monde, trop de musique, trop de bruit, trop de nourriture, trop de sollicitations.
Suis-je la seule à aimer l’espace, la mesure, être au calme de temps en temps, être seule parfois, ne pas sans cesse consommer ?

mardi 8 avril 2014

Les inspirations de Dries Van Noten

Pièces de Dries Van Noten devant les toiles géométriques de Vasarely

C’est d’abord, devant chaque vitrine, des textes qui expliquent les sources d’inspiration de Dries Van Noten d’une justesse et d’une poésie incroyable ! Tellement évocateurs qu’ils m’ont fait voyager plus que les collections elles-mêmes !

Je vous en livre un extrait sur l’univers de Francis Bacon qui inspire le designer. Sublime ! Je ne me lasse pas de le relire :
« Extrêmes dans l’émotion : larmes et rires, horreur et joie. Le travail à la fois fascinant et terrifiant du peintre irlandais Francis Bacon capture l’intensité du corps en mouvement et en tension. A la limite de l’horreur et de la beauté, sa peinture révèle des bribes d’énergie pure. Elégance et disgrâce se superposent et se confondent, suggérant la force et la passion de la chair. S’approprier la laideur pour mieux définir la beauté, sublimer ce qui déplait et transformer le dégoût en charme deviennent ainsi des principes de création».

Et puis c’est une scénographie originale, un voyage à l'intérieur de l'esprit du designer, un travail de décomposition de ses sources d’inspiration qui m’a fait penser à l’analyse des rêves où viennent s’enchevêtrer les souvenirs conscients et inconscients.
D’une part, Dries Van Noten se livre à une introspection et révèle, pour chaque pièce qu’il a sélectionnée, ses multiples inspirations. D’autre part, la conservatrice du Musée, Pamela Golbin, sonde l’inconscient collectif pour déceler à travers un détail d’une veste, une couleur ou le volume d’une robe, l’influence de collections emblématiques d’autres couturiers auxquels Dries Van Noten a dû se référer involontairement.

Le résultat est une juxtaposition de pièces de Dries Van Noten, de vêtements d’autres créateurs et d’œuvres diverses d’artistes : le fameux tailleur « Bar » de Dior, des peintures de Vasarely, des extraits de films comme La leçon de piano de Jane Campion, des objets telle la superbe épée d’académicien de Jean Cocteau réalisée par Cartier ou de spectaculaires fresques murales comme celle de l’artiste floral japonais Makoto Azuma, pour ne citer que les œuvres qui m’ont le plus touchées….

Au final, cette scénographie reflète assez justement l’esprit des vêtements de Dries Van Noten qu’on qualifie souvent de « cadavre exquis » tant sa mode est composée d’associations surprenantes de couleurs, de matières et d’imprimés.