samedi 8 décembre 2012

émeraude, la couleur Pantone 2013



Chaque année, le fabricant de nuanciers de couleurs, Pantone, dévoile sa couleur de l'année.
Après 2012 aux notes de "Tangerine Tango", un orange vif très lumineux, 2013 sera... émeraude !

J'adore cette couleur, je vous en parlais ici. Elle était très présente dans les défilés de cet hiver et on la verra dans les collections de l'été prochain également.

On retrouvera surement aussi tout au long de l'année le vert émeraude sur des affiches publicitaires, dans les magazines.... Les graphistes et les stylistes s'en inspirent beaucoup !

Je vous quitte sur des images des podiums de l'été 2013, je retourne à la rédaction de mon mémoire, la soutenance c'est pour très bientôt !

Burberry / Kenzo / Marni

dimanche 25 novembre 2012

mes errances sur la toile

 
Quand je commence à me balader sur internet, en mal d’inspiration déco, je peux vite basculer en mode errance. Comment on reconnait cet état là ? C’est simple, très progressivement je m’éloigne du sujet que je recherchais, en fait je l’oublie complètement, j’ai plusieurs fenêtres internet ouvertes, chacune affichant au moins dix onglets et je suis prise d’une espèce de frénésie de découverte. A ce moment là, je scan, je copie, je colle, je pin (sur Pinterest), j’écris, je me lève, je mesure, j’observe, j’envisage… j’ai le cerveau en ébullition et tout est possible.

Quand je suis dans ce mode errance je peux facilement rester plusieurs heures sans me rendre compte du temps qui passe, absorbée par les images qui défilent devant mes yeux et qui s’inscrivent dans ma mémoire.
Bien sûr, cet état n’est pas réservé à la décoration, toute recherche sur des sujets qui me passionnent (mode, graphisme, typographie, photo, design, art….) peut se transformer en boulimie d’informations et d’images.

La seule chose que je crains à ce moment là, c’est que mon internet explorer crashe, épuisé par tant d’activité, en emportant avec lui mes découvertes, mes pépites et mes trésors ! C'est arrivé quelques fois...

Avec tout ça vous allez vous imaginer que la décoration de mon appartement est perpétuellement en mouvement ! Pas plus que ça, je suis surtout une rêveuse…

mercredi 21 novembre 2012

campagne de pub Marc Jacobs SS13 : à la croisée des miroirs

Marc Jacobs Juergen Teller Ruby Jean Wilson

J’attends toujours avec impatiente les images des campagnes de publicité Marc Jacobs shootées par le photographe allemand Juergen Teller (l’ancien compagnon de Venetia Scott, vous vous souvenez ?). Elles sont surprenantes, je dirai même déroutantes. Marc Jacobs et Juergen Teller ne manquent pas d’humour et d’autodérision et ce sont toujours des mises en scène décalées qui flirtent avec la provocation et le mauvais goût. Googlelisez les personnages, vous ne serez pas déçus !

La campagne de pub printemps été 2013 s’inscrit pourtant dans un autre registre. Il semblerait que l’intention soit de nous perturber, voire nous hypnotiser.
Dans le seul visuel diffusé pour l’instant sur internet, on voit le mannequin australien Ruby Jean Wilson poser dans une robe à larges rayures noires et blanches, omniprésentes sur le défilé printemps-été 2013, entourée de miroirs.

Le visuel est très graphique, tout est noir et blanc : le modèle a un teint très pale et des yeux soulignés de noir, ses cheveux sont décolorés en blond platine. Elle ne porte aucun accessoire, seul, dépasse au premier plan, une pochette aux motifs identiques à sa tenue. Par contre, elle arbore un petit tatouage au pied, un des rares détails qui nous permet de ne pas nous perdre dans cette multiplicité d’images.

Ruby Jean Wilson pose de façon assez classique, avec un bras levé, négligemment appuyé sur sa tête. Contrairement aux compositions de ce genre, son regard n’est pas tourné vers les miroirs, elle ne se regarde pas. Son visage est dirigé vers le photographe qu’elle fixe intensément.
Derrière elle, les miroirs qui composent le sol et les murs multiplient, décalent, fragmentent sa silhouette rayée à la manière d’un caléidoscope.

Cette photo m’a intriguée parce que le miroir est un sujet récurrent dans la peinture classique et a été maintes fois repris dans la publicité de mode.
Il pose la question de la représentation et introduit l’idée du narcissisme. Il est souvent associé à la mort, à la fragilité de la vie et au temps qui passe.
Dans les images publicitaires il permet de multiplier les angles de vues et de montrer une autre facette du personnage. Et puis le miroir fascine et incite à plonger dans l’image pour y découvrir des éléments hors champs. Il donne plus de corps à l’histoire qui est racontée en nous révélant l’envers du décor.

En fait cette photo est assez éloignée des images habituelles de Juergen Teller qui signe d’ordinaire des clichés au rendu spontané, faussement amateur, surexposés ou mal cadrés.
Cette image est très précise, la photo est prise de haut, en plongée, de telle sorte qu’en son centre se trouve la croisée des murs et du sol.
Ca donne une composition arachnéenne, hypnotique, qui capte et attire le regard vers un infini. J'aime beaucoup, et vous ?

lundi 5 novembre 2012

Dans l'antre de Piero Fornasetti à Milan

Chaque année, pour le week-end de la Toussaint, c’est une tradition avec mes amis : on s’évade pour une capitale européenne, avec une préférence pour les villes du sud pour retrouver un peu de soleil. Après Londres, Rome et  Lisbonne, cette année, on a choisi Milan.

En préparant mon voyage, j’avais mis en tête de liste des lieux à voir le 10 Corso Como, le fameux concept store milanais (l’équivalent de notre Colette nationale) et la boutique d’un designer italien que j’adore, Fornasetti

Je ne vous parlerai pas du 10 Corso Como. Même si j’ai trouvé le lieu rempli de charme (il est caché au fond d’une cour verdoyante éclairée le soir par mille petites lumières), la sélection du magasin, mêlant marques de mode (pointues et hors de prix) et objets de design, est sans surprise.
Non, le point d'orgue de mon séjour était la visite de l’antre du créateur milanais Piero Fornasetti.
 
Piero Fornasetti

Je suis une inconditionnelle du style Fornasetti. J’aime ses décors graphiques en noir et blanc où se décline à l’infini le visage énigmatique de sa muse. J’aime ses clins d’œil au surréalisme, son univers baroque chargé de dorures, de trompes l’œil, de références  à l’antiquité ou à la Renaissance. Et j’aime sa liberté et son sens de l’humour qui rendent sa décoration singulière et joyeuse.

Piero Fornasetti

Mais c’est une chose de craquer devant un vase ou une bougie et s’en est une autre de se retrouver plongé dans la folie et l’exubérance du designer ! Je préfère vous prévenir, si vous êtes adeptes du minimalisme, passez votre chemin. En poussant la porte de la boutique, on est projeté dans son univers étrange, on vit une expérience !
 
Piero Fornasetti

Le magasin est une écrin aux murs rouge écarlate, chargé à l’excès : on ne sait plus où donner de la tête. Seul le plafond, recouvert du poétique papier peint aux motifs de nuages, calme le jeu.
Partout, les pièces de mobilier et de décoration du créateur sont présentes, et avec plus de 11.000 dessins dans les archives, il y a de quoi faire… : des tables, chaises, buffets, secrétaires, de la porcelaine, de la verrerie, du carrelage, des coussins, des foulards, des miroirs, des lampes, des gravures, des papiers peints et toutes sortes d’objets décoratifs aux motifs envoutants… la liste est trop longue, je vous laisse découvrir son œuvre prolifique dans les photos.

Après la mort du maître (en 1988), son fils Barnaba a continué de faire vivre les dessins de son père en les réinterprétant sur des meubles ou objets aux formes contemporaines. C’est pour ça que tout parait à la fois authentique et actuel.

Piero Fornasetti
 
Piero Fornasetti
 
Quand on commence à s'intéresser à Fornasetti on veut tout posséder, son design est addictif ! Je suis sortie de la boutique avec plein de rêves en tête mais aussi plein de frustrations, parce que si le style peut parfois paraitre simple et accessible, tout est extrêmement cher.
Le vendeur m’a expliqué que les pièces sont produites par des artisans qui utilisent les mêmes techniques de production faite main qui étaient employées sur les tous premiers objets Fornasetti. Ce sont de vraies pièces de collection qui s'échangent d'ailleurs à prix fort sur eBay !

bougies Fornasetti
 
Si vous voulez prolonger la visite, vous pouvez aller admirer les créations de Fonasetti chez l’Eclaireur à Paris, c’est le revendeur exclusif de la marque.
 
Bio Expresse :
  • Artiste milanais aux talents éclectiques (1913-1988). Peintre, graphiste, sculpteur, graveur et décorateur d'intérieur, il est le créateur de plus de 11 000 décors et a travaillé sur tous les supports possibles : cravates,  verres, assiettes, lampes, meubles, paravents… C'est l’une des figures artistiques les plus prolifiques du XXe siècle.
  • Il étudie le dessin à l'Académie des beaux-arts de Brera à Milan mais est vite expulsé pour indiscipline.
  • En 1933, il expose à la 5e Triennale de Milan ses premières créations : des foulards imprimés. Et dès 1936 il est reconnu pour son talent de dessinateur et son goût pour les mises en scène d'architecture.
  • Son travail est remarqué par l'architecte designer Gio Ponti et ils collaboreront dans les années 50 à de nombreux projets de meubles et de décorations intérieures.
  • Son style se réfère souvent aux maîtres du trompe l’œil de la Renaissance (chaises aux dossiers en forme de chapiteau grec ou secrétaires au décor de villas palladiennes…) ou encore au surréalisme (décor ponctué de perspectives invraisemblables, de villes imaginaires…).
  • Parmi ses thèmes favoris : le soleil, les jeux de cartes, Arlequin et les décors de la Comedia dell’Arte, les instruments de musique. Son décor le plus célèbre reste ce visage de femme, la cantatrice Lina Cavalieri, qu'il avait découverte dans une revue française du XIXe siècle : il en dessine plus de 500 versions.
  • A sa mort, son fils Barnaba continue de produire des objets et renouveler les collections en puisant dans les archives du maître. Toutes les pièces sont produites dans l’atelier Fornasetti situé à Milan, par des artisans qui utilisent les mêmes techniques de production faite main qui étaient employées sur les tous premiers objets Fornasetti. 

lundi 1 octobre 2012

défilé Kenzo SS13 : the jungle is back !


Je suis une inconditionnelle de Kenzo depuis toujours, j’aimais la joie de vivre, l’insouciance et la liberté que Kenzo Takada insufflait à ses collections. Et j'aime plus encore depuis la nomination à la direction de la création il y a un an du duo fondateur du concept store américain Opening Ceremony : Humberto Leon et Carol Lim. Grace aux deux californiens, on retrouve cet état d'esprit et la marque est passée des limbes de l’oubli au Panthéon de la gloire en une seule saison !

Hier, à leur défilé, l'engouement était palpable. A l’extérieur, les personnes qui arboraient une pièce de la collection de cet hiver n’étaient pas rares, quand ce n'était pas un total look Kenzo ! Sans parler aussi du fameux sweat shirt avec la tête de tigre, de la casquette bombée aux couleurs pop ou encore des Van’s, fruit d’une collaboration avec la marque qu'on voyait partout !

La collection Printemps Eté 2013 était sur le thème de la mystérieuse jungle asiatique. Je ne vais pas me lancer dans une revue précise des silhouettes : du haut du balcon de la Maison du Judo où avait lieu le défilé, je ne voyais pas vraiment les détails. Je peux juste vous dire que j’ai trouvé cette collection moins conceptuelle que les deux précédentes, plus apaisée, un peu comme un retour aux sources, d'autant plus que ce thème de la jungle est cher à Kenzo Takada.
 
Pour moi le spectacle était ailleurs. J’ai très vite été attirée par les animations digitales qui défilaient sur les écrans géants : des jungles psychédéliques peuplées de végétation luxuriante, des fleurs de lotus aux couleurs flamboyantes, des tigres et des éléphants aux silhouettes facettées comme des pierres précieuses, le tout parsemé de constellations lumineuses.

J’ai trouvé que cette succession d’images était un concentré des tendances graphiques du moment : des motifs géométriques hallucinogènes de kaléidoscope qui s’entrecroisent, des formes en 3D aux arrêtes tranchantes comme des gemmes, des cellules lumineuses qui se rejoignent pour former une constellation ou une figure ésotérique.
 
En cherchant un peu j’ai découvert que le montage a été réalisé par le talentueux artiste multimédia New-Yorkais Kenzo Digital (un nom comme ça, c’est un peu prémonitoire ;-) C’est lui qui est derrière l’animation audio et vidéo qui accompagnait les pas de danse de Beyonce lors des Billeboard Music Awards (cérémonie américaine récompensant les meilleures ventes de disques) en mai 2011. On retrouve d’ailleurs la même imagerie que chez Kenzo, dont la tête de tigre en 3D. Allez jeter un coup d’œil à la vidéo, ça vaut vraiment le détour ! On peut retrouver l'univers de Kenzo Digital sur Kenzine, le blog de Kenzo, où il signe quelques posts. Moi, je suis fan !
 
Je vous mets quelques photos des écrans même si la qualité n'est vraiment pas terrible (difficile de saisir des images qui s’enchaînent à un rythme soutenu avec mon petit appareil), ça donne un aperçu de la projection.

 
 
 
Edit du 11 octobre : Allez faire un tour ici sur le blog de Garance Doré, elle consacre un "Pardon My French" à Kenzo où Humberto Leon et Carol Lim parlent de leur rencontre avec Kenzo Digital !
 

mercredi 19 septembre 2012

Tendance couleur : le vert émeraude

Depuis quelques temps j’ai envie de vert : vert émeraude, vert gazon plus tendre ou vert sapin plus sombre… que ce soit en déco, mode ou graphisme… le vert m’interpelle, m’inspire, j’aime !


En décoration je trouve que c’est une couleur forte, une couleur « statement » peu courante, pas évidente à associer, qui donne tout de suite du caractère à une pièce.  
Je la verrai bien accompagner du bleu Klein, comme dans l’appartement de l’extravagant Vincent Darré ou carrément du rose Malabar, comme chez la trendsetteuse Margherita Missoni.

En mode, on a beaucoup vu de vert émeraude dans les défilés de cet hiver chez Kenzo, Lanvin, Miu-Miu... J’ai envie de l’associer à du bleu marine ou du burgundy (eh oui, c’est LA nouvelle couleur de la fashion sphère. En 2012, dire « bordeaux » ça doit surement avoir des relans de bourgeoise seventies ou évoquer la vieille 504 de nos parents :-) je trouve ça très élégant.
Ou encore avec une touche de rouge et de léopard, ça signe une allure « branchouille » plus osée.

En attendant de me lancer, j'entretiens cette addiction en collectionnant les images sur Pinterest. C'est là où vous trouverez tous les détails et la provenance des photos de ce mood board.

Edit du 8 décembre 2012 : le vert émeraude est LA couleur Pantone 2013 ! J'en parle ici

samedi 1 septembre 2012

Sophie Calle à Arles : Chez ces gens là, on ne pleure pas

Un peu après la bataille, voici mon retour du festival de la photographie d’Arles
Le fil conducteur de cette année, la prestigieuse Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, pouvait laisser penser à une édition moins riche. Mais j’y ai découvert de très bonnes expositions et de jolies surprises.

Je reviendrai peut être en détails dans un autre post sur mes coups de cœur. Aujourd’hui j’avais envie de parler de l’exposition hors les murs de Sophie Calle intitulée « Pour la dernière et pour la première fois ».


L’histoire se passe à Istanbul.
« La dernière fois », c’est la dernière image en photos et en mots de personnes qui ont subitement perdu la vue.
« La première fois », c’est la projection simultanée de courts métrages qui montrent différentes personnes aveugles, face à la mer, qu’ils n’ont jamais vu.

J’ai été particulièrement émue par cette seconde partie de l’exposition. Comme toujours, je trouve qu’à travers des histoires individuelles, Sophie Calle arrive à toucher l’universel et faire écho à des douleurs personnelles.

La scénographie du lieu y était pour beaucoup. Nous sommes projetés dans une pièce sombre, cernés d’écrans où défilent en boucle les courts métrages, envahis par le bruit incessant de la houle, ne sachant où porter son regard.

J’ai été saisie par le courage de ces hommes et ces femmes, plus ou moins jeunes, qui ont accepté d’offrir leur visage nu au voyeurisme de la caméra chargée de saisir en gros plan l’expression de la moindre émotion. Ainsi livrés à l’indiscrétion de nos yeux qui peuvent voir.
La dignité de ces personnes, appartenant à une culture, un âge ou une classe sociale où les émotions ont peu de place.
Leur retenue, comme une acceptation de leur condition, pendant de longues minutes…puis, insidieusement, la vague de tristesse, qui vient de loin, et finit par envahir leur visage. La mer qui monte dans leurs yeux inertes.
Et cette vague ultime, qu’on ne voit pas mais qu’on imagine, qui les submerge de chagrin. J’avais envie de crier cette injustice à leur place, de hurler leur désespoir.
Après, le chant sourd et hypnotique de la mer qui lave la tristesse, berce les cœurs et apaise les esprits.

mercredi 29 août 2012

Les photographes de mode : Venetia Scott

Les photographes de mode me fascinent. J’aime découvrir comment ils impriment leur univers particulier dans les campagnes de publicité des marques ou dans les séries mode des magazines.

Aujourd’hui, j’ai envie de revenir sur le travail de la photographe Venetia Scott.Je me suis intéressée à elle tout bêtement en faisant des recherches sur Juergen Teller, un photographe de mode dont j’adore le style décomplexé. Venetia Scott était sa compagne et a eu une fille avec lui, ils ont beaucoup travaillé ensemble.

On peut voir son travail dans les pages de magazines pointus comme Self Service, Purple Magzine et les britanniques  i-D, AnOther magazine, Dazed & Confused et Vogue UK. Elle y signe des séries mode en tant que photographe et on la retrouve de temps en temps uniquement sur le stylisme, son premier métier, qu’elle a exercé pendant plus de 15 ans entre autres aux côtés de son compagnon Juergen Teller. C’est d’ailleurs après leur séparation, qu’elle se lance dans la photographie, frustrée de collaborer avec des photographes qui ne sont pas sur la même longueur d’onde qu'elle.

Elle signe également depuis quelques années les campagnes de publicité des marques françaises Paule Ka et APC (pas pour celle de cet hiver) et américaines,Margaret Howell, Orla Kiely et Club Monaco.
 
Margaret Howell 2010 et APC 2011
Ce qui m’a tout de suite plu dans les photos de Venetia Scott, c’est le style faussement amateur qui se dégage. On a l’impression d’un résultat inachevé, imparfait. Le cadrage n’est pas classique, des éléments hors champs ou des détails du quotidien restent visibles et rendent attachants ses clichés, comme si sa volonté de saisir une émotion, un instant éphémère primait sur la perfection de la composition.

Self Service

J’aime également le côté intimistes de ses photos qui dévoilent au naturel le sujet exposé. Chez elle, pas de séduction exacerbée ou de sophistication excessive, ses personnages sont authentiques, ils ne posent pas. On a l'impression qu'elle les surprend dans leur activité - ils regardent d'ailleurs souvent franchement l’objectif - que la photo capture l’âme et la personnalité du modèle, un peu comme l’esprit d’un snapshot.
Elle pose finalement un regard plein de douceur sur le banal et le quotidien. C’est d’ailleurs ce qui la différentie de Juergen Teller qui cultive plutôt le goût de l’irrévérence et du grotesque.

Enfin, ses images aux couleurs sobres, teintées d’influences rétro fifties et sixties, ont une note nostalgique qui me touche. On les croirait tout droit sorties d'un vieil album de famille...

Self Service et AnOther Magazine


Le style de Venetia Scott a largement été influencé par l’esthétique inspirée du grunge (mouvement musical qui émerge à Seattle au milieu des années 80 dont l’icône est Kurt Cobain du groupe Nirvana), qui apparait au début des années 90 alors que le glamour s’essouffle. Une allure vestimentaire de «pauvres» bricolée à partir de vêtements achetés dans des friperies, mais surtout une philosophie, un mode de vie, le grunge symbolise la rébellion, la révolte contre le système.
 
Cet esprit et l’esthétique brute du grunge a été introduit dans la photographie de mode par la photographe anglaise Corinne Day qui a mis en avant la jeune et alors inconnue Kate Moss à la une du magazine d’avant garde The Face puis, quelques années plus tard, du Vogue UK. Ses images hyper réalistes shootées en lumière naturelle et le physique androgyne de Kate Moss qui contrastait avec le corps de déesse des tops modèles de l’époque (Cindy Crawford, Claudia Schiffer…) a créé un nouveau genre de photographie de mode qui tournait le dos au glamour et à la beauté iconique des années 80.
 
The Face (1990) et Vogue UK (1993) - Kate Moss par Corinne Day

Inspiré par cet état d’esprit, le jeune styliste Marc Jacobs aux commandes de la création de la marque américaine Perry Ellis a fait sensation en 1992 en présentant une collection qualifiée de grunge. Présentation qui lui coûtera sa place, mais que la presse a encensé.

C’est dans ce courant que Venetia Scott a puisé son inspiration. Elle s'est nourrie de l’hyper réalisme des photos de Larry Clark qui s’intéressait à la dérive de jeunes américains de villes défavorisées, se composait des looks sur le marché aux puces de Portobello, adhérait à la philosophie du jeune créateur de mode Martin Margiela de désacraliser la mode et côtoyait les photographes de la nouvelle scène de la mode : Juergen Teller, David Sims, Nigel Shafran et Corinne Day. 

 
Bio Expresse :
 

samedi 4 août 2012

India Mahdavi à Arles

hotel du cloitre arles india mahdavi rencontres de la photographie

Je rentre tout juste des Rencontres de la Photographies d'Arles.
Durant mon séjour dans la ville, je suis tombée, aux hasards des rues, sur l’hôtel du Cloître.
L’hôtel est situé dans le centre historique de la ville au détour d’une longue rue étroite, perché sur une petite placette, adossé au cloître Saint-Trophime.
J’ai tout de suite été attirée par la tranquillité du lieu, le charme de la bâtisse aux volets vert tilleul, la douceur de vivre qu’il s’y dégageait. On aurait dit que le temps s’était arrêté à cet endroit.
Aucune enseigne ne signalait l’établissement, la porte était ouverte, je m’y suis approchée pour tenter de voir l’intérieur de la maison.
J’ai découvert une grande pièce à la décoration moderne soignée qui m’a tout de suite plu. En parcourant attentivement chaque détail du mobilier, j’ai été surprise de reconnaitre des pièces de la décoratrice et créatrice India Mahdavi ! Tous ceux qui me connaissent savent qu’elle est mon icône absolue en matière de décoration : mon Pinterest contient pas mal de photos de l’hôtel Thoumieux à Paris qu’elle a redécoré, j’adore ses tabourets, ses coussins, ses canapés…. Régulièrement je vais en pèlerinage dans sa boutique de la rue Las Cases dans le 7ème , tout est trop cher, je n'ai jamais rien acheté, mais j'adore y passer pour regarder et rêver…. Bref, elle est une vraie source d’inspiration pour moi qui suis une passionnée de décoration et de design.

Amusée par mon enthousiasme, la personne à l’accueil m’a gentiment fait visiter l’hôtel qui est sa dernière réalisation. J’étais en lévitation !
On y retrouve les incontournables de la décoratrice : le bleu azur omniprésent réveillé par des touches de jaune moutarde, ses confortables fauteuils en rotin vernis, ses lampes en plâtre à l’abat jour élégamment incliné, l'imposante table Bishop en marbre brun, des coussins colorés aux motifs géométriques… tout y est.
L’hôtel est neuf, il venait juste d'ouvrir, l’occasion était trop belle : on a décidé de s’y installer pour la fin du séjour !
J’ai passé des journées délicieuses  à vivre dans ce décor, poser mon regard sur de belles choses, enregistrer mentalement le moindre détail de la décoration et profiter du cadre merveilleux de ce lieu plein de charme et de raffinement.

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Hôtel Le Cloître - 16-18 rue du Cloitre, 13200 Arles

Edit du 1er septembre 2014 : si il vous faut 5 bonnes raisons d'aller aux Rencontres de la Photographie d'Arles, c'est ici !

vendredi 13 juillet 2012

Venetia Scott pour Paule Ka, une esthétique rétro

J’attendais avec impatiente les visuels de la campagne automne hiver 2012 2013 de Paule Ka.

Je ne suis pas particulièrement fan du style de cette marque mais j’adore depuis quelques saisons les images de leurs pub aux accents fifties / sixties, shootées par une photographe dont j’apprécie l’univers, Venetia Scott.
Pourtant, la sophistication et l’aspect léché de ces photos contrastent avec le style naturel et spontané de la photographe anglaise, mais je suis sensible à l’esthétique des décors emblématiques des années 60 dans lesquels elle shoote les campagnes.

La collaboration entre la marque de Serge Kafinger et Venetia Scott a débuté pour la campagne printemps été 2011 qui met en scène la femme Paule Ka, sophistiquée et glamour, dans une luxueuse villa de Palm Springs à l’architecture inspirée du Bauhaus, typique des années 50.
 

Elle se poursuit pour l’hiver 2011, où on voit évoluer cette héroïne dans les salons du luxueux hôtel Carlyle à New York à la décoration surannée.
J’ai moins aimé cette série, je trouve que le décor de l’hôtel, trop présent, étouffe le mannequin et les vêtements.


Pour cet été 2012, c’est sur la côte Pacifique du Mexique, à Acapulco, qu’elle est en villégiature, pour nous permettre d’apprécier le décor du légendaire hôtel Boca Chica, vestige de cette station balnéaire prisée par la jet-set dans les années 60.


Enfin, dernier opus de cette saga, avec l’hiver 2012 shooté dans le mythique aéroport désaffecté de Berlin-Tempelhof véritable bijou de l’architecture des années 50.


J’ai particulièrement aimé cette dernière série. Je suis très sensible à l’architecture des aéroports : les halls gigantesques à la décoration impersonnelle, les immenses baies vitrées, la froideur de la structure métallique, le dépouillement du mobilier.
Ce sont des lieux de passage porteurs d'une charge émotionnelle forte, souvent l'espoir d’un ailleurs enchanté. Mais ils peuvent parfois être des espaces anonymes où on erre, désabusé, les mauvais jours de voyages ou lors d’interminables escales.

samedi 4 février 2012

Colorama Kulte

      
J'aime la façon dont la marque de vêtements Kulte présente sa nouvelle collection. Ces associations de couleurs et matières m'évoquent la poésie des photos de champs vus du ciel.

mercredi 4 janvier 2012

le joueur de Kora


Cet après midi, j’étais dans le métro quand un musicien est entré dans le wagon pour faire la manche. C’était un Sénégalais qui tenait un instrument bizarre que je n’avais jamais vu, une sorte de cithare d’où étaient tendues des cordes qui se terminaient en  fils de nylon frisottant.  Je l’ai vu d’un mauvais œil, en me disant qu’il allait encore nous en mettre plein les oreilles, puis je n’y ai plus pensé.

J’ai mis un moment avant de prêter attention à sa musique. Ça semblait être un chant traditionnel de son pays, lent et répétitif, qui s’élevait de sa voix chaude et mélodieuse. Je ne comprenais rien aux paroles, mais l’idée que la musique est universelle a pris tout son sens à ce moment.

Sa musique, tantôt triste, tantôt gaie, m’a fait voyager. Elle m’a parlé de son village, loin d’ici, de la dureté de la vie au quotidien, et de l’acceptation aussi.  Du plaisir de se retrouver le soir, à la lueur d’un feu de bois et de partager des moments d’amitié et de fraternité aux sons de la Kora.

Petit à petit j’ai senti la tension se relâcher, mes épaules se détendre et la fatigue de la journée s’apaiser. J’étais bien, enveloppée et bercée par cette musique douce et rassurante.

Dans le wagon peu à peu les gens se retournaient pour découvrir le musicien. On pouvait lire sur leur visage qu’ils étaient surpris eux aussi par la beauté et la chaleur de ce chant qui contrastait avec l’atmosphère froide et métallique du métro.

En descendant à ma station, je lui ai donné une pièce bien sûr, mais je lui ai surtout dit merci. Merci d’avoir fait arrêter un court instant le flot incessant de mes pensées et de m’avoir offert quelques minutes d’évasion, loin de mes préoccupations quotidiennes.